31.7.2025
•
4 minutes
Les vacances approchent, et avec elles, une question toute simple : comment une personne aveugle prépare-t-elle sa valise ? On pourrait penser que c’est plus compliqué, qu’il faut forcément de l’aide, ou des outils spécifiques. Mais est-ce vraiment le cas ?
Dans sa vidéo, Mathieu, non-voyant, partage sa manière de faire sa valise.
Bien avant l’arrivée des étiquettes en braille ou des assistants vocaux, les personnes aveugles ont toujours su s’organiser. Elles ont développé leurs propres stratégies pour préparer leurs affaires et partir en voyage.
Dès le XIXe siècle, dans des établissements pionniers comme l’institut national des jeunes aveugles (INJA) on apprenait à reconnaître les objets par le toucher, à ranger systématiquement au même endroit, à développer une mémoire très précise des gestes et de l’environnement.
Dans les années 1980-90, les premiers outils parlants comme les dictaphones, les montres vocales ou les boîtes compartimentées ont permis de gagner en autonomie.
Aujourd’hui, ce sont les smartphones, les listes vocales, les objets connectés qui prennent le relais.
Mais derrière ces avancées technologiques, l’essentiel reste : apprendre à anticiper et à organiser. Faire sa valise, ça s’apprend. Et ce n’est pas une question de vue, mais de méthode.
Dans sa vidéo, Mathieu partage une réalité simple, mais essentielle : faire sa valise n’est pas compliqué quand on est aveugle. A partir du moment où l’on connaît bien ses affaires et son environnement.
Contrairement à ce que beaucoup pourraient imaginer, il ne s’agit pas d’une épreuve stressante ou désorganisée. C’est même tout l’inverse. Grâce à une organisation et à des habitudes, ce moment peut être vécu avec autonomie, efficacité et même un peu de plaisir à l’idée du départ.
Mathieu nous montre qu’en réalité, tout repose sur une bonne préparation et sur l’expérience. Comme tout le monde, il sait ce qu’il veut emporter, en fonction de la météo, de la durée du séjour, ou des activités prévues.
L’inclusion, dans cette situation, c’est simplement reconnaître que cette organisation différente est tout aussi valable et qu’elle mène au même résultat : une valise prête à partir.
Dans sa vidéo, Mathieu le reconnaît : faire la valise en elle-même n’est pas un problème. Le vrai sujet, c’est de ne pas oublier des choses importantes, notamment quand il s’agit de documents essentiels.
Contrairement aux vêtements, que l’on manipule souvent et dont on connaît parfaitement la place, certains objets ne font pas partie du quotidien. Lorsqu’on ne peut pas faire un dernier tour d’horizon visuel avant de partir, l’oubli peut arriver plus facilement.
Pour les personnes aveugles, l’accessibilité, dans ce cas précis, c’est surtout de pouvoir retrouver rapidement et facilement ces éléments moins visibles, souvent petits, mais indispensables.
Et l’inclusion, c’est accepter que ce type de difficulté n’est ni dramatique, ni spécifique au handicap : qui n’a jamais oublié son passeport ou un chargeur avant de partir ?
Le vrai enjeu, c’est de ne pas supposer que la cécité empêche de s’organiser mais de comprendre que l’organisation prend parfois d’autres formes.
Faire sa valise en partant est souvent plus simple que la refaire pour revenir. En effet, on n’a pas eu le temps, en quelques jours, de prendre de nouvelles habitudes dans un lieu inconnu, contrairement à chez soi où les repères sont ancrés. Il n’est donc pas rare d’oublier une chaussette, un chargeur, ou même un rasoir !
Dans ce cas, le mieux est soit de faire appel à un tiers pour vérifier, si possible, soit d’être particulièrement vigilant au moment de tout remettre à sa place dans la valise. Ce n’est pas une question de handicap, mais de stratégie !
Pour terminer, Mathieu partage ce qu’il n’oublie jamais dans sa valise :
« La seule chose que je n’oublierai jamais, ce sont les lunettes de soleil, parce que je les ai toujours avec moi. »
Beaucoup de personnes déficientes visuelles sont sensibles à la lumière, aux contrastes, ou ont besoin de protéger leurs yeux, même sans perception visuelle. D'autres les portent aussi pour leur confort ou simplement parce qu'elles font partie de leur identité.
Ce genre de remarque, toute simple, est une vraie leçon d’inclusion : elle montre que les besoins ne sont pas toujours visibles, ni logiques aux yeux des autres. L’accessibilité, ce n’est pas juste cocher des cases techniques c’est aussi intégrer ces réalités individuelles, ces objets du quotidien qu’on n’aurait pas pensés “utiles” à quelqu’un qui ne voit pas… et qui pourtant le sont.
Ce que raconte Mathieu, c’est une réalité simple : l'accessibilité prend forme dans les habitudes, les gestes, les détails.
Chez Urbilog Compéthance EA, on agit pour une accessibilité numérique plus juste, plus réaliste, plus durable, en lien avec les besoins concrets des personnes concernées.
Besoin d’un accompagnement, d’un audit, ou d’une formation ?
Contactez-nous pour vous aider à construire, pas à pas, un monde plus accessible et inclusif.