16.12.2025
5 minutes

Accessibilité numérique des communes françaises. Ce que révèle la nouvelle cartographie 2025.

La DINUM, le réseau Déclic et l’ADULLACT viennent de publier la deuxième édition de la cartographie de l’accessibilité des sites web des communes françaises. Plus de 23 000 sites ont été été analysés, offrant une vision du niveau d’accessibilité des services publics locaux en ligne et des progrès encore à accomplir.
Voici l’essentiel à retenir et notre décryptage.

Un état des lieux sans précédent

En quelques mois, le périmètre de l’étude a fortement changé d’échelle. De 6 568 sites communaux analysés en juillet 2025, on est passé à près de 23 000 en novembre. Cela représente environ deux tiers des communes françaises et offre une vision désormais plus large de l’accessibilité numérique sur le territoire.  

Il faut prendre cette étude pour ce qu’elle est : une boussole de l’accessibilité. Ce ne sont pas des audits qui ont été réalisés mais un traitement automatique parcellaire avec toutes ses limites notamment la pertinence des résultats.  

Toutes choses étant égale par ailleurs, l’état des lieux est clair : le niveau d’accessibilité reste faible sur l’ensemble du territoire. La DINUM, Déclic et l’ADULLACT le rappellent : l’objectif n’est pas de « pointer du doigt » les collectivités.

Il s’agit néanmoins d’un signal d’alerte fort. L’accessibilité numérique est inscrite dans la loi depuis février 2005, et le règlement de l’accessibilité de l’administration existe depuis 2009. Près de vingt ans plus tard, malgré une volonté affichée et des obligations clairement établies, le retard reste important et les résultats demeurent décevants.

Quelques chiffres marquants :

  • 95 % des sites obtiennent une note comprise entre D et F.
  • Plus de 60 % sont classés F, le niveau le plus bas, soit plus de 14 000 communes.

Ce que montrent ces chiffres, c’est surtout ceci : l’accessibilité n’est pas encore un réflexe dans la conception et la mise à jour des sites communaux. Beaucoup d’équipes manquent de temps, de compétences dédiées ou simplement de repères pour savoir par où commencer. Et cette situation est partagée par la grande majorité des communes.

Ce que cela change pour les internautes

Derrière le mot « accessibilité », il n’y a pas qu’une règle ou un référentiel. Il y a aussi l’expérience quotidienne de milliers de personnes qui utilisent les sites communaux pour s’informer et faire leurs démarches.

L’accessibilité numérique s’appuie notamment en France sur le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité), un ensemble de critères pour rendre le web utilisable par le plus grand nombre. Concrètement, cela concerne par exemple :

  • Le contraste des couleurs entre le texte et le fond
  • La taille et la lisibilité des caractères
  • La structure des pages (titres, paragraphes, liens)
  • La possibilité de naviguer au clavier
  • La vocalisation de la navigation et des contenus
  • La présence de descriptions pour les images importantes

Quand ces points ne sont pas pris en compte, certaines personnes ne peuvent pas lire une information, remplir un formulaire, ou même comprendre comment accéder à un service. Dans les faits, elles se retrouvent exclues du service public en ligne. La bonne nouvelle, c’est que ces obstacles peuvent être corrigés, souvent sans refonte globale du site.

Des impacts très concrets pour les communes

Pour les communes, ces difficultés se traduisent directement dans le fonctionnement du service public.

On observe notamment :

  • Davantage d’appels téléphoniques, parce que l’information est difficile à trouver en ligne,
  • Plus de déplacements en mairie pour compenser des formulaires complexes ou pas accessibles,
  • Une perte de confiance dans les services numériques, même quand le contenu est pertinent,
  • Un risque juridique en cas d’absence de déclaration d’accessibilité ou de non-respect des obligations.

À l’inverse, un site plus accessible gagne en efficacité et en visibilité. Les moteurs de recherche comprennent mieux une page bien structurée, avec des contenus clairs et correctement décrits. Accessibilité numérique et SEO (Search Engine Optimization ou référencement naturel) ne sont donc pas deux sujets distincts. En travaillant l’un, on renforce l’autre.  

Et surtout, les améliorations pensées pour les personnes en difficulté, en créant une expérience plus fluide, profitent à l’ensemble des usagers. C’est un investissement utile pour l’inclusion, mais aussi pour l’image et la performance du service public en ligne.  

Enfin, plus on s’y met tôt, plus l’effort reste raisonnable. L’accessibilité numérique fonctionne comme l’entretien d’un bâtiment : des ajustements réguliers évitent d’avoir à tout reprendre après plusieurs années.

Cinq actions à impact pour progresser dès maintenant

1. Vérifier dès à présent les points bloquants les plus courants

Questions simples à se poser :

  • Peut-on naviguer sur le site uniquement au clavier (touche Tabulation) ?
  • Le contraste texte / fond reste-t-il confortable à la lecture ?
  • Les images qui apportent une information sont-elles décrites ?
  • La page comporte-t-elle des titres clairs qui structurent le contenu ?

2. Publier une déclaration d’accessibilité

C’est obligatoire et cela permet d’être transparent. Même si le site n'est pas conforme, la déclaration sert aussi de feuille de route. Elle aide à prioriser et à structurer un plan d’action.

3. Avancer par petites étapes

Inutile d’attendre une refonte globale. Un principe simple peut guider l’action : une page corrigée vaut mieux qu’un site parfait… qui n’avance pas.

On commence par les pages les plus consultées : accueil, coordonnées et horaires, démarches principales, actualités majeures. Ces quelques pages concentrent souvent l’essentiel du trafic. Les améliorer en priorité profite au plus grand nombre.

4. S’appuyer sur les bons outils

Certains CMS (systèmes de gestion de contenus) open source proposent déjà des modèles et composants compatibles avec les bonnes pratiques d’accessibilité. Les utiliser, c’est éviter de répéter des erreurs courantes.

Par ailleurs, des outils de test automatique peuvent aider à repérer rapidement les erreurs courantes : contraste insuffisant, absence de texte alternatif, structure de page incohérente. C’est pour faciliter ce premier niveau d’audit que nous avons développé UC-Compagnon, une extension gratuite dédiée aux tests d’accessibilité web, disponible sur le Chrome Web Store. Vous pouvez découvrir cet outil en lisant notre article blog sur UC Compagnon.

UC-Compagnon ne remplace pas une expertise complète, mais c’est un excellent moyen d’avancer, d’identifier rapidement les points à améliorer et de sensibiliser toute l’équipe à l’accessibilité.

5. Intégrer l’accessibilité dans les contenus du quotidien

Une partie des progrès passe aussi par les gestes de tous les jours. En voici quelques exemples :

  • rédiger des titres explicites,
  • vérifier les contrastes pour garantir une bonne lisibilité
  • utiliser des liens compréhensibles (« Télécharger le formulaire d’inscription » plutôt que « Cliquez ici »),
  • décrire une image quand elle apporte une information,
  • éviter les blocs de texte trop longs.

Agissons ensemble et construisons une dynamique collective

Chaque commune, quelle que soit sa taille, peut engager des actions simples. Chaque amélioration compte. Un bouton plus lisible, un formulaire plus utilisable, une information mieux structurée peuvent déjà transformer l’expérience de nombreux usagers.

Les réussites locales peuvent inspirer les communes voisines et créer un effet d’entraînement à l’échelle des territoires.

La cartographie portée par la DINUM, le réseau Déclic et l’ADULLACT apporte un repère pour avancer. Elle permet de sensibiliser les élus et d’accompagner les collectivités vers une mise en accessibilité progressive et réaliste.

Testons, corrigeons, formons-nous, avançons pas à pas.
Et construisons ensemble des sites communaux plus accueillants, plus lisibles et vraiment accessibles à toutes et tous.

Source : Article “Accessibilité numérique : la DINUM, Déclic et l’ADULLACT s’associent pour mesurer le niveau d’accessibilité des sites web des communes françaises”

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