1.7.2025
5 minutes

Inclusion et accessibilité : une personne aveugle sans canne, est-ce possible ?

Quand on parle de cécité, une image revient souvent : celle de la canne blanche.
Mais toutes les personnes aveugles ne l’utilisent pas. Et si on changeait notre regard sur ce que signifie vraiment l’inclusion ?

Inclusion et accessibilité : faut-il toujours une canne blanche quand on est aveugle ?

Une personne aveugle a forcément une canne blanche.

C’est l’image qu’on a tous en tête. Et pourtant, c’est faux.

Dans une récente vidéo postée sur LinkedIn
, Mathieu Froidure, non-voyant, démonte cette idée reçue :

Une personne aveugle a-t-elle toujours besoin d’une canne blanche ?

Sa réponse est simple : non.

Qu’est-ce qu’une canne blanche ?

La canne blanche est un outil d’aide à la mobilité, utilisé par de nombreuses personnes aveugles ou très malvoyantes.
Elle joue un double rôle :

  • Détecteur d’obstacles : trottoirs, marches, poteaux, trous…
  • Signal social : elle informe visuellement les autres qu’une personne est en situation de handicap visuel.


Mais il n’y a pas qu’un seul modèle, il existe plusieurs types de cannes, adaptées à des besoins très différents :

  • La canne blanche classique : la plus connue.
  • La canne blanche et rouge : pour les personnes sourd aveugles.
  • La canne jaune pour les malvoyants
  • La canne longue : pour anticiper les obstacles plus efficacement.

Ces outils sont conçus pour renforcer la sécurité et favoriser une autonomie réelle dans l’espace public. Mais comme le rappelle Mathieu, utiliser une canne blanche n’est pas une obligation, ni un marqueur universel de la cécité. Ce n’est pas parce qu’une personne n’en a pas qu’elle voit et ce n’est pas parce qu’elle en a une qu’elle ne peut pas s’en passer dans certaines situations. Ce qui importe, ce n’est pas l’outil, mais la liberté de choix et la possibilité d’évoluer dans un environnement où l’autonomie est possible.

Inclusion et accessibilité : plusieurs façons de se déplacer quand on est aveugle

Mathieu Froidure souligne que le choix de l’outil dépend avant tout de la situation, de l’environnement, et des préférences de la personne.
Il n’y a pas une seule bonne manière de se déplacer, mais plusieurs solutions possibles.

Certaines personnes vont préférer utiliser une canne blanche, qui leur permet de détecter les obstacles par le toucher.

D’autres se tournent vers un chien guide d’aveugle, formé pour accompagner la personne dans ses déplacements.

Le chien guide est capable d’éviter les obstacles, de s’arrêter aux bordures, de rechercher un passage piéton, une porte ou un siège sur commande.
Il apprend aussi à pratiquer ce qu’on appelle la désobéissance intelligente : s’il reçoit un ordre dangereux (comme traverser alors qu’un véhicule arrive), il peut refuser de le suivre.

Ce n’est pas le chien qui décide du trajet, mais bien la personne qui donne les indications.
Le chien guide exécute, adapte, et sécurise. C’est un binôme complémentaire, basé sur la confiance, la communication et beaucoup d'entraînement.

Et au fait, non, ce n’est pas toujours un labrador !
Même si c’est la star des écoles de chiens guides, on trouve aussi des golden retrievers, des bergers allemands, et parfois même des croisements entre les deux.
Pas de chihuahua ni de teckel en vue… même s’ils feraient peut-être de bons compagnons de canapé, on leur laisse le guidage pour plus tard.

Plus sérieusement, le choix de la race dépend du gabarit, du tempérament et de l’environnement de la personne.
Et si le chien guide facilite grandement la mobilité, il ne convient pas à tout le monde : cela implique de l’organisation, de l’énergie, et une vraie complicité au quotidien.

Que faire pour une vraie inclusion ?

L’autonomie d’une personne aveugle repose autant sur ses capacités… que sur l’accessibilité de son environnement.

Prenons un exemple concret : une personne connaît parfaitement son lieu de travail. Pas besoin de canne, ni de chien. Mais si on change la disposition du mobilier, si un repère sonore disparaît, si un obstacle imprévu est ajouté…l’autonomie peut s’écrouler en quelques secondes. C’est là qu’on comprend qu’un environnement accessible ne doit pas dépendre du hasard, ni de la bonne volonté. Il doit être pensé dès le départ, pour s’adapter à tous les profils. Et ce raisonnement ne s’arrête pas au monde physique.

Dans le numérique, c’est exactement la même chose. Un site mal structuré, des boutons non lisibles, un lecteur d’écran bloqué… Et une personne perd l’accès à l’information, aux services, à son autonomie. L’accessibilité numérique ne se rajoute pas à la fin. Elle se conçoit dès le départ.

Ce que défend Mathieu, c’est cette idée essentielle : ce n’est pas à la personne de s’adapter à l’environnement. C’est à l’environnement d’être accessible à la personne.

Agir concrètement pour une inclusion durable

Chez Urbilog Compéthance EA, on pense que l’inclusion, ce n’est pas un principe abstrait. C’est un travail de terrain, qui commence par l’écoute et passe par des actions concrètes.

On teste, on forme, on adapte, toujours avec les personnes concernées.
On s’appuie sur des référentiels solides : RGAA, WCAG, RAMU, pour concevoir des outils numériques accessibles et utiles, dans la vraie vie. L’enjeu, ce n’est pas juste de cocher des cases. C’est de créer des environnements où chacun peut évoluer librement, avec ou sans canne blanche.

Comme le montre la vidéo de Mathieu, c’est en comprenant les usages réels qu’on fait avancer l’accessibilité.
Et c’est exactement ce qu’on s’efforce de faire, chaque jour.

Vous voulez rendre vos services plus accessibles ? Créer un site inclusif ? Former vos équipes ? Contactez-nous pour en discuter

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